" La vie est un long fleuve tranquille ", voilà qui résumerait assez bien ces cinq jours passés sur le bateau.
Comme prévu, on arrivera à 9h sur le bateau "Henri I", des hommes très gentils nous aident à installer nos hamacs, il n'y a pour l'instant qu'une dizaine de personnes.. je trouve ça un peu suspecte pour un bateau sencé partir une heure plus tard. On installe notre lit suspendu, et on achète notre gamelle. Les péruviens commencent à arriver en assez grand nombre, et moi pendant ce temps, je redécouvre les joies du hamac tout en m'empiffrant.. comme d'hab. J'ai goûté à une spécialité de la jungle, le juane, MMMMmmmm un délice, c'est du riz avec de la viande ou du poisson cuit à la vapeur dans une feuille de bananier. Comme une vraie amazone, je le mange avec les doigts, et je découvre le plaisir de toucher ses aliments. J'ai trouvé la solution, moi qui déteste faire la vaisselle. Les heures défilent et avec elles, les gens continuent toujours d'affluer. La nuit tombe assez vite et nous dormirons au port ce soir.
Nous partirons finalement le lendemain à 11h, je commence à avoir l'habitude des retards, sauf que là il y a l'angoisse du vol de retour. Ce deuxième jour sera découverte pour tout le monde, et les deux petits blancs que nous sommes deviendront vite l'attraction pour nos voisins de chambré. Nous sommes maintenant une soixantaine sur le bateau, ça fait une joyeuse pagaille, les uns collés aux autres, avec ses 50 cm seulement d'espace vitale, la promiscuité des inconnus ici ne dérange personne. Je me fais vite copine avec les mamies à ma droite, avec qui je partagerais même des BN à la fraise. hihi. Je deviens aussi la meilleure amie des petites filles qui ne décolleront plus de mon hamac. Donnez leur des bonbons, une feuille et un stabilo jaune fluo et elles seront les plus heureuses du monde. Après avoir dessiné tous les chats, poissons, papillons, maisons que je connaissais, je leur demande gentillement de revenir plus tard, ... adorables mais tout de même un peu collantes.
Je repars dans la lecture de " La prophétie des andes " mais c'est vrai qu'avec la musique à fond et tous les gens qui parlent, je dois relire plusieurs fois chaque paragraphe pour être sûre de bien comprendre, ceux qui l'ont lu doivent savoir de quoi je parle. J'arriverais tout de même à le terminer. Alors ma belle, je trouve les premières révélations super intéressantes et très vraies, mais faut quand même avouer que la fin.. il faut être un peu perché pour y croire.
Les jours se suivent et se ressemblent.. La vie sur le bateau est rythmée par les coups de fourchette sur la porte en fer de la coccina. Trois repas par jour, aux allentours de 6h30, 12h et 17h. Pire qu'à l'armée. Chacun s'arme de sa gamelle et part faire la queue pour découvrir des plats ... typiques on va dire... heureusement que j'ai fais le plein de gâteaux avant d'embarquer. Des fois, il flotte des trucs dans la soupe, je ne préfère même pas savoir ce que c'est. La moitié finira à chaque fois dans le fleuve, eh oui, j'ai eu du mal à le faire, mais à voir tous les péruviens qui se servent du fleuve comme d'une poubelle, je jette moi aussi la nourriture dedans. Mais à chaque fois que je les vois balancer leurs bouteilles, les sacs en plastiques, les couches de bébé, tout mais vraiment tout, je ne peux pas m'empêcher de faire la grimasse et de râler dans ma barbe. Comme une bonne petite écolo, j'ai accroché mon sac poubelle sur mon hamac, et une des mamies me demande pourquoi je ne le jette pas dans le fleuve... Gentillement j'essaie de lui expliquer que pour moi la rivière n'est pas une poubelle et que je ne peux pas jeter mes déchets dans la nature comme ça, et à son tour elle me fait comprendre que de toute manière, même si je les jette une fois à terre, ils finiront tout de même dans le rio.. ok, peut-être mais c'est pas moi qui le fera !
Je passerais les cinq jours à regarder les paysages défiler devant moi affalée dans mon hamac. La jungle avec tous ces verts différents, les levés et les couchés de soleil avec toutes ces couleurs, les enfants sur les maisons montés sur pilotis. Ahlala, ça c'est reposant !!
Empêchée de dormir tous les soirs et réveillée en sursaut tous les matins par Pépé, le super chanteur du bateau. Il m'en donnra des fous rires. Il se prend tellement au sérieux alors qu'il chante tellement faut. Je préférais tout de même l'écouter parce que quand ce n'était pas lui, c'est Ace of base, II limited, Barby girl et autre dans le même genre qui sortira à fond des enceintes grésillantes.
La seule activité qui m'aura causé du stress, c'est la chasse aux insectes... parce qu'il faut que je l'avoue, je me suis trompé, " OUI il y a des insectes au Pérou ". En fait, ils sont tous concentré sur ce bateau !! Quand la nuit tombe, ils arrivent par milliers, et avec la vitesse du bateau, ils arrivent sur toi comme des missiles !! Au bout du deuxième jour, les odeurs aidant, je me résigne à prendre une douche dans les toilettes, oui, parce que c'est là que ça se passe. La peur de ma vie, et je suis sûre qu'ils le sentent ça. Après inspection et des coups de claquettes un peu partout, je finirais par me laver sous le regard d'un scarabé gros comme une vache !! Comment tuer un scarabé avec une tongue ??? pas possible ! Mais je m'en suis sorti ne vous inquiétez pas.
J'aurais fais une rencontre marquante aussi. J'ai beaucoup observé une dame qui travaillait tout le temps sur sa couture. Elle fais des choses superbes en partant de rien, là assise sur son banc, son sac de pelottes de laine de toutes les couleurs à ses côtés, tellement discrête, tellement belle. Avec l'aide de mes mamies préférées qui vont la chercher pour me la présenter, elle arrive et se penche vers moi tout en posant ses bras sur mes genoux... wouha !!! Un truc bizarre c'est passé. Elle me montre plusieurs de ses créations tout en discutant, elle me dit qu'elle est indienne et fais parti de la tribu des Shipibo. Je l'avais senti qu'elle n'était pas comme les autres. En soirée, elle reviendra vers moi et me prendra dans ses bras, sur le coup je ne comprend pas trop mais après je m'aperçois qu'en fait elle m'accroche un collier autour du coup. Emue, je suis...
Arrivés vers 14h à Iquitos " Capitale de l'Amazonia ", nous suivrons Tomi, super sympa, jusqu'à un hôtel SANS INSECTES. On y retrouvera d'autres routards, deux français et trois américains. A première vue, la ville me plaît. Après s'être empiffré de pasta con pollo y queso, on ira boire un verre tous ensemble sur le bord du fleuve, accompagnés par Perseo, un jeune péruvien de 18 ans qui nous servira de guide. Et pour finir, ce sera dodo dans un lit !